Un homme de foi, par Isabelle Pirot

Si chaque homme est au moins un pays, l’artiste, lui, parle toutes les langues.
On l’entend sans chercher à comprendre comment. Devant ce Quatuor qu’Etienne a fait surgir de sa musique intérieure, on n’a cure de savoir si c’est notre oreille qui regarde ou notre oeil qui écoute. L’œuvre d’art provoque, libère et réconcilie.

Dans la “Prière de l’Artisan”, chef-d’œuvre anonyme qui nous provient d’un bâtisseur de cathédrale du XIIe  siècle, il est dit :
“Seigneur, dans tout labeur de mes mains, laisse une grâce de Toi pour parler aux autres et un défaut de moi pour me parler à moi-même.”
Ce défaut qui le garde humble est pour l’artiste seul, mais la grâce dont il est redevable s’étend et se partage comme un air printanier.

L’émergence du sacré dans l’œuvre d’Etienne procède d’un acte de foi. Rien de religieux dans mes propos, le sacré appartient à l’Homme intrinsèquement ; mais à l’Homme qui s’en remet à plus grand que lui, qui se risque au-delà de lui-même. Et alors tout est sacré. C’est ici le cas.
C’est de son chaos intérieur, de son tourment et de sa joie mêlés, de sa reconnaissance à être, de sa douleur à être, de sa révolte perpétuelle contre l’injustice et la barbarie, de sa prière – Pas pour demander, précise-t-il, pour remercier –, que le sculpteur tire tant de douceur, de tendresse éblouie et de compassion traduites avec autant de dynamisme.
Il faut assurément que l’espérance coule dans les veines de cet artiste-là et lui remonte le coeur comme une horloge pour extraire la pierre de cet abîme et la faire rouler tout là-haut, encore, encore…




Interior journeys, by Isabelle Pirot

If every man is at least a country, the artist, for his part, speaks every language.
We can hear him without seeking to understand how. In front of this Quartet which Etienne has conjured up from the music inside him, we want to know if it is our ear that is looking or our eye that is listening. A work of art stimulates, libérâtes and reconciles.

In “The craftsman’s prayer”, an anonymous masterpiece, written by a cathedral builder in the 12th century, it is said :
 “Lord, in all my handiwork, leave some of your grâce to speak to the others and a flaw of mine to speak to me myself.”
This flaw which keeps him humble is for the artist alone, but the grace to which he is indebted spreads to be shared like a springtime air.

The emergence of the sacred in Etienne’s work proceeds from an act of faith. There is nothing religious in what I am saying, the sacred belongs intrinsically to Man – but to the Man who trusts someone who is greater than himself and who ventures beyond himself. And then, all is sacred. It is the case here.
It is from his inner chaos, his torment and joy mingled, his recognition in being, his pain in being, his perpetual revolt against injustice and barbarity, and his prayer – Not to ask, he stipulates, but to thank – that the sculptor derives so much mildness, awe-inspiring tenderness and compassion, expressed so dynamically.
For sure, hope must run in the veins of such an artist and wind up his heart like a clock to extract the stone from the abyss and to roll it right up to the top again and again.



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