Sculpture et poésie, par Laurence Pythoud

Chez Étienne, les deux sont liées.

Mieux: s'expriment l'une à travers l'autre. Jouant du vide et du plein, de l'éther et de la matière, en un équilibre maîtrisé de la forme précaire confrontée à l'espace, Étienne soumet l'abstraction aux exigences d'une expressivité nécessaire et suffisante. Essentielle. Il sculpte un poème. Et cette sobre et dense concentration agit alors sur le spectateur comme un aimant.

Simple badaud ou visiteur éclairé des galeries d'art, l'on est extraordinairement attiré par la sculpture d'Étienne. Émergeant d'entre les autres, pour géniales et fameuses qu'elles soient, son œuvre capte notre attention et d'emblée favorise notre inclination. C'est dans le mouvement, presque toujours circulaire, celui d'une faux, par exemple, mais pure forme récurrente de pièce en pièce, que prend source cette attraction « physique ».

Le bronze, choisi pour la diversité chromatique de ses patines, Étienne l'épure, I'évide pour n'en garder que la partie chargée de sens: une main, une bouche, un regard. Un signe, une expression. Mais la taille, classique chez lui, jamais ne le cède au maniérisme. Sollicitant des réminiscences de l'art médiéval, par son austérité, et jusqu'aux antiques représentations égyptiennes, l'art d'Étienne s'arrête au bord de la démonstration: à l'allusion précise. La concision de sa vision, et sa concrétisation, portent à qualifier sa production de symbolique.

L'amour, la musique ont trouvé, le temps éternel d'un geste sculpté, leurs emblèmes. Comme le livre, autre de ses thèmes, Verbe d'airain, qu'Étienne montre ouvert. Trait d'union entre les êtres, c'est à travers lui qu'ils communient. Et cette communion, Étienne la place sur le plan de la tendresse. Un mot qui revient souvent sur ses lèvres. L'infinie douceur du don touche le spectateur au cœur, ému qu'il est par le silence "Thot" et la musique des six voix gravées du "Magnificat".

Harmonie et beauté, telle est la double quête de l'artiste, pour qui le beau est gage de pérennité de l'œuvre, sa possible communication en une paix concordante entre la sculpture et son spectateur.

Etienne avoue son souci d'artisan: celui du bel ouvrage, qui séduit par le soin qu'on y devine à nous faire plaisir, plus qu'à nous plaire.

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